M. Seguin n’avait jamais eu de
bonheur avec ses chèvres. Il les perdait toutes de la même façon; un beau
matin, elles cassaient leur corde, s’en allaient dans la montagne, et là-haut
le loup les mangeait. Ni les caresses de leur maître, ni la peur du loup, rien
ne les retenait. C’étaient, paraît-il, des chèvres indépendantes, voulant à
tout prix le grand air et la liberté. Le brave M. Seguin, qui ne comprenait
rien au caractère de ses bêtes, était consterné. Il disait : « C’est fini ;
les chèvres s’ennuient chez moi, je n’en garderai pas une. »
Un puissant parfum de menthe
sort de la terre mouillée. Le vert bleu du figuier se marie avec le vert
foncé de l'abricotier vivace. L'oranger et le citronnier mêlent leurs
feuilles au laurier noir et à l'amandier d'argent. Les grands dattiers
s'élancent et portent dans le ciel leurs palmes d'un gris bleu.
Voici
d'abord le portail royal avec sa lourde rose et ses trois baies
sémi-romanes. Éblouissement de bleus limpides et virginaux, de turquoises
laiteuses. Ici, les pétales et des petites roses détachées de la grande
rose centrale, se découpent avec une intensité régulière. Au-dessus, les
trois fenêtres sont presque toutes bleues, d'un bleu qui se fonce à mesure
que l'oeil se porte de droite à gauche. Bleu de myosotis, bleu des bleuets
et de la Beauce.