Eurosphère: un blog au service
d'apprentissages interdisciplinaires

 

 Eurosphère - Le blog des échanges lycéens


1. Présentation du projet

1.1. L'origine et les objectifs du projet


La présente expérience s’est située au lycée professionnel Camille Schneider de Molsheim (Bas-Rhin), à dominante tertiaire, qui accueille quatre-cent-soixante élèves, dont soixante garçons.
 
Courant septembre 2005, dans le cadre d’un « projet pluridisciplinaire à caractère professionnel » (PPCP) sur l’Europe, deux classes de première de baccalauréat professionnel ont lancé l’idée de créer un blog sur le sujet.

Bien que dit « PPCP », ce projet ne respecte pas certaines règles propres au dispositif institutionnel. En effet, il s’agit d’un groupe d’élèves issus de deux classes, non admis en section européenne. En outre, il n'y a pas à proprement parler d’objectifs professionnels ni d'implication d'enseignant du secteur professionnel. Au total, l’équipe pédagogique est composée de quatre enseignants : une enseignante de lettres-anglais, un enseignant de maths-sciences et deux documentalistes.

L’utilisation d’un blog pour le montage d’un projet d'échange interculturel s'intègre parfaitement au projet d'établissement, avec la triple volonté de :

§ motiver les élèves les plus en difficulté et les amener à davantage de rigueur dans l'utilisation de la langue ;

§ donner accès à la culture et à la connaissance de l'autre pour un apprentissage de la tolérance ;

§ responsabiliser les élèves vis-à-vis de l’utilisation d’Internet mais aussi par rapport à des délais et à des critères de qualité.

En soi, l'utilisation d'un blog permet d'aborder des objectifs techniques et juridiques ; la dimension d'échange avec des élèves étrangers permet d'y ajouter des objectifs interculturels, enfin nous avons souhaité faire travailler les élèves sur la correction de la langue avec de surcroît quelques objectifs documentaires. L'étendue du projet sur l'année permettait de travailler selon une pédagogie de projet responsabilisante et de traiter certains aspects citoyens.
 
Les PPCP ne sont pas soumis à une évaluation notée mais « seulement » à une appréciation. Ce « seulement » ne vaut évidemment pas pour nous enseignants, mais pour les élèves car cela influe généralement négativement sur la motivation. Restait à voir si la tâche seule pouvait motiver les élèves.
 

1.2 Les partenaires extérieurs à l'établissement


Eurosphère est présenté dans sa page d'accueil comme le blog des échanges lycéens, un espace à travers lequel nos élèves souhaitent susciter de nombreux commentaires de la part d’autres jeunes de leur âge (16-20 ans) des quatre coins de l’Europe. Le nombre de participants n’était donc pas limité, bien au contraire, mais trouver des lecteurs n'était pas suffisant, il fallait surtout trouver des partenaires « actifs » qui interviennent régulièrement sur le blog et souscrivent au projet dans la durée.

Le blog ne pouvait avoir de sens et d'intérêt que si :

      il était alimenté régulièrement ;

      il suscitait des réactions ;

      ces réactions étaient lues et faisaient éventuellement l’objet d’un commentaire.

Nous avons donc songé à contacter des professeurs de français langue étrangère (FLE) désireux de travailler avec leurs élèves sur la compréhension et d'expression écrite, la compréhension interculturelle, l'écriture créative et bien entendu, la maîtrise de certaines compétences informatiques. La communication sur le projet a été lancée par les professeurs-documentalistes avant même la création du blog par le biais de listes de diffusion et sites spécialisés en Français langue étrangère.
 
Dès le lancement du blog, trois établissements ont participé à son alimentation : une classe slovène (Lycée de Nova Gorica), une classe espagnole (IES, Val Minor, Galice) et une classe roumaine (Collège Gheorghe Asachi, Botoşani). Après les vacances de Noël, le rythme des participations s'étiolant, un nouvel appel a été lancé, à l'attention des professeurs qui s'étaient dit intéressés par le projet lors de son lancement, mais qui n'avaient finalement pas donné suite à leur demande. La visite du blog et des articles, commentaires et albums-photos existants a sans doute créé une émulation puisque quelques jours après cet appel à contributions, deux nouveaux partenaires étaient actifs sur le blog : une classe italienne (Lycée Leonardo da Vinci, Alba) et une classe d'étudiants en première année de l'Université de Léon (Espagne). Une deuxième classe de Roumanie a rejoint le projet fin janvier 2006 (Collège économique « Dimitri Cantemir », Suceava).
 

2. Le déroulement du projet

2.1. Initiation à la blogosphère et mise en ligne du blog


Notions de droit

Les deux enseignants de discipline ne possédant que peu de connaissances préalables sur les blogs se sont donc adressés aux professeurs documentalistes en tant que spécialistes des TICE pour préparer la première séance.
 
Cette séance s’articulait autour d’un questionnaire qui visait à s’assurer de la familiarisation de tous les élèves au média « blog », d'étudier la représentation qu'ils en avaient spontanément (les élèves devaient donner leur propre définition), puis de les sensibiliser à certains aspects probablement ignorés à notre avis - et la suite nous a donné raison - : notions lexicales autour du terme « blog », origine du phénomène, fonctionnement et contenu possible d'un blog, notions de droit.

Il est ressorti de ce questionnaire une méconnaissance assez générale des cas médiatisés d'exclusion d'élèves pour propos malveillants ou photos volées dans des blogs, mais surtout une méconnaissance des règles en vigueur sur Internet et une confusion flagrante entre « blog » et « Skyblog », la très grande majorité des élèves ne voyant dans un blog que l'aspect « album-photos ».

Lors de la séance suivante, nous nous sommes appuyés sur les conditions d'utilisation et les divers messages de prévention des Skyblog pour voir quels procédés l'hébergeur avait mis en place pour se protéger juridiquement d'éventuels « dérapages » de la part de ses membres.


Charte et hébergeur
 
A partir d’exemples de chartes existantes trouvées sur Internet, les élèves devaient compiler les points abordés et lister les items à retenir pour leur propre charte.

Les professeurs ont révisé la Charte proposée, classé les différents points, ajouté quelques éléments de détail et spécifié les sanctions auxquelles s'exposerait un rédacteur en cas de non respect de la charte ou un lecteur qui aurait posté un commentaire indésirable.

En définitive, les différents points retenus pour les élèves ont été publiés sur une partie fixe du blog et un document a été signé en double exemplaire par chacun des élèves de la classe.


Choix d'un hébergeur

Nous souhaitions impliquer les élèves dans le choix de l'hébergeur. Pour tous, les blogs se limitaient aux Skyblogs : il s'agissait de leur montrer que pour notre projet, un autre hébergeur s'imposait.

A partir de la consultation de blogs présélectionnés, les élèves devaient remplir une grille de comparaison entre les deux hébergeurs « skyblog.com » et « hautetfort.com ». Cette grille permettait de montrer clairement quel hébergeur permettait de créer les blogs les plus ergonomiques et offrant le plus de fonctionnalités.

Les élèves ont également observé un certain nombre de blogs d'élèves et de blogs de classe afin de comprendre ce qu'on pouvait attendre d'eux et quelles possibilités l'utilisation d'un blog allait leur offrir.

Création du blog

Nous avions demandé aux élèves d'émettre des propositions de titre et de sous-titre, lesquelles ont été soumises au vote de la classe et des professeurs, avec la contrainte d’utiliser un ou plusieurs des termes suivants : collaboration ou échanges – jeunes – Europe – thèmes des notes et des échanges. Immédiatement après le vote, le blog a été mis en ligne par les professeurs-documentalistes tandis que les élèves rédigeaient en groupe les premiers textes de bienvenue et de présentation.

 

2.2. Alimentation du blog


Au départ, la motivation était très faible. Seuls quelques élèves se sentaient impliqués par le projet lors de son lancement.

Nous avons considéré que le respect des conditions suivantes permettrait de les impliquer davantage :

      Choisir des thèmes fédérateurs pour les jeunes ;

      Varier et alterner les modes de travail (travail de groupe, travail individuel, travail de recherche documentaire, etc.) ;

      Varier les tâches demandées (comptes-rendus de visites ou de lectures, recherche d’information, écriture créative, etc. ;
 
Nous avons élaboré un premier calendrier de thèmes à traiter en considérant qu'il fallait partir des intérêts les plus proches des élèves jusqu'aux plus éloignés. Les articles ont été ainsi tout d'abord été centrés sur l’environnement immédiat des lycéens pour permettre de découvrir les différents élèves, la ville de Molsheim et certains villages alentours, Strasbourg, le lycée, etc.

Les sujets abordés par la suite devaient toucher l’univers des jeunes et leur vie quotidienne : les loisirs, l’école, les relations garçons/filles, etc. ; mais aussi des sujets plus larges comme l’Europe, les traditions et les coutumes du pays ou encore la place des jeunes dans la société.

Malgré tout, les élèves se sont peu investis dans la publication des articles ou la rédaction de commentaires en dehors des créneaux horaires PPCP, ce qui est dommage puisqu’il s’agissait de la condition sine qua non du bon fonctionnement du blog.

Ainsi, la majeure partie des séances a dû être consacrée à la lecture des nouveautés du blog (articles, commentaires ou albums-photos) et à l'émission d'articles ou de commentaires en retour.
 
Plusieurs idées de micro-projets ont émergé et ont été communiquées aux élèves puis maintes fois reportées voire ajournées, parce que – justement - il paraissait plus urgent de donner réponse à des questions posées par nos partenaires ou d'alimenter le blog qui n'avait pas été actualisé depuis des semaines.
 
Dès le mois de novembre, nous avions envisagé de lancer une séquence sur la conception d'un « Guide de la France lycéenne » avec recensement des stéréotypes et des idées reçues sur la France et les Français, accompagnés d'une confirmation ou d'un démenti d'après l'expérience personnelle et la vision de nos lycéens par exemple. Quelques séances de sensibilisation aux stéréotypes ont eu lieu de novembre 2005 à janvier 2006, qui  auraient dû être suivies par trois séances de travail sur les stéréotypes d'après l'étude de documents, d'une séance dédiée au choix des rubriques et d'une dernière séance de mise en page début janvier 2006. Or, nous n'avons commencé la phase de recherche documentaire et de rédaction qu'en mars 2006. Un retard qui s'explique en grande partie par le fait qu'il a été jugé plus urgent d'alimenter le blog durant les séances puisque rien n'était fait par les élèves en dehors des heures de cours.

 

3. Evaluation du projet : réussites et limites

3.1. Quels apprentissages interculturels ?


C'est du côté de la citoyenneté et de l'interculturalité que se situaient nos priorités durant ce projet.

Nous avons donc axé une grande partie des séances sur un travail sur les stéréotypes et idées reçues sur la France et les Français. La question « Quels stéréotypes sont fréquents dans votre pays à propos de la France et des Français ? » posée sur le blog a reçu beaucoup d'écho : les Italiens, les Espagnols et les Roumains s'en sont donné à coeur joie en donnant leur opinion sur le sujet. Une opinion dans la plupart des cas positive, et constituée essentiellement de clichés qui n'ont pas suscité de grande réaction de la part de nos élèves.

Nous avons par contre travaillé sur divers supports extérieurs divers (extraits de blogs étrangers, extraits de guides de voyages ou extraits de sites dédiés à l'enseignement de la civilisation française pour les étrangers), dans lesquels les opinions émises sont soit provocatrices soit fondées sur une image de la France non actualisée, comme par exemple : le Français manque d'hygiène ; le Français est constamment en grève ; le Français est fier de sa langue et refuse de parler l'anglais ; le Français roule comme un malade ; le Français emmène son chien partout et ne ramasse pas ses crottes (!).  

  Dans l'ensemble, les élèves ont pris conscience du processus qui mène à la formation de stéréotypes et d'intolérance envers autrui. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour qu'une vraie tolérance s'installe. La tendance générale est à l'ethnocentrisme et la norme reste l'habitude française.
    
    De même, les élèves n'ont pas semblé s'intéresser d'eux-mêmes aux pays d'origine de leurs correspondants. Tout au plus était-ils intéressés par leur vie quotidienne, leur rythme scolaire, leurs sorties et leurs relations amicales. L'aspect civilisationnel du pays, les habitudes de vie de leurs concitoyens, leur intégration à l'Europe et leur opinion à ce sujet n'a semble-t-il recueilli aucun intérêt ou curiosité de façon spontanée.

 3.2. Les apprentissages techniques et documentaires ?

Pour tous les élèves, même ceux qui possèdent un Skyblog, l'alimentation et la gestion d'un blog à travers un hébergeur permettant la personnalisation d'un certain nombre de paramètres était un nouvel apprentissage. Tous les élèves étaient capables après plusieurs mois de saisir et de mettre en forme un texte à l’aide d’un éditeur de texte simple, d’insérer une pièce jointe, un document multimédia ou un lien hypertexte à l’aide de l’éditeur de texte d’un blog.

Cependant, certains points liés à la navigation dans l'espace public du blog n'étaient toujours pas clairs au printemps. Les élèves avaient par exemple du mal à retrouver d'anciens articles dans les archives. Certains n'avaient d'ailleurs pas vraiment compris le système d'archivage mensuel ou le fait que l'on pouvait paramétrer le nombre d'articles apparaissant sur la page d'accueil.

La notion de rubriques n'a également pas été assimilée par tous les élèves. Ici aussi, le manque de curiosité des élèves a été flagrant : peu d'entre eux se sont aventurés d'eux-mêmes dans l'interface d'administration sans y être invités par l'équipe pédagogique.

Malheureusement, nous avons peu travaillé sur des activités telles que la recherche avec les outils de recherche en ligne, la vérification de la fiabilité et de la validité d’informations trouvées sur Internet ou encore l'analyse des différents éclairages d'un même événement. Certains groupes ont eu à trouver des informations relatives à la ville de Molsheim, à la région Alsace, mais la plupart des travaux ont été effectués à partir de documents préselectionnés à analyser car il nous paraissait par exemple difficile de trouver aisément des clichés et stéréotypes sur la France et les Français.
 
Nous avons assez insisté sur les droits et les devoirs de l'internaute pour que les élèves respectent par la suite les principes de la netiquette et soient capables d’identifier et de respecter les règles déontologiques et juridiques liées à l’utilisation d’un blog, et d’Internet en général : respect de la vie privée, droit à l’image, droits d’auteur.

3.3. Quelle responsabilisation et quelle attitude par rapport aux savoirs ?


Diverses notions de responsabilité ont été abordées avant la création du blog : responsabilité pénale et responsabilité « éthique » bien entendu, mais également responsabilité vis à vis du succès du blog par la qualité des propos qui y seront tenus et l'interactivité qu'ils sauront y instaurer.

 Nous avons vu que les élèves ont été impliqués à tous les stades de la conception et de l’alimentation du blog, participant :
Mais se pose la question de savoir jusqu'où les élèves ont été véritablement « acteurs » de leurs apprentissages et responsables de la réussite du projet. Les professeurs n’ont-ils pas assuré un rôle de « filet » ? En effet, et principalement dans l'optique d'encourager et de fidéliser les classes partenaires, nous avons souvent dû nous-mêmes présenter les nouveautés apparues sur le site et donner des consignes par rapport aux réponses à apporter à nos correspondants.
Nous pensions que cette situation réelle de communication, donnant une véritable importance au récepteur et la valorisation des écrits par une visibilité sur le réseau, permettrait d'augmenter la motivation, de façon quasiment « naturelle ». Or, il en est allé assez différemment : même des écrits concernant les loisirs ou la vie familiale leur semblaient encore être un exercice par trop scolaire. Les initiatives personnelles, la créativité et le travail en autonomie ont été quasiment inexistants. L'équipe éducative a été contrainte de donner des consignes très précises, de faire le point avec les élèves à chaque séance afin que les nouvelles interventions et documents sur le blog ne passent pas inaperçus, les élèves semblant peu s'intéresser aux nouvelles interventions de nos correspondants, et ne prenant pas la peine de lire les écrits de leurs camarades. Le fait que les élèves ne travaillent pas sur le projet en dehors des heures de cours a fait perdre beaucoup de temps dans le déroulement des séances.
Par ailleurs, la faible participation de nos élèves peut s'expliquer par le fait qu'ils se soient sentis complexés à la lecture des interventions, souvent de qualité, de leurs correspondants dont certains ont fait preuve d'une maîtrise de la langue française supérieure à celle des nôtres.

4.  Les enseignements à tirer

4.1 Quels préalables avant d'intégrer les blogs dans sa pratique pédagogique ?


Pour un enseignant néophyte, les étapes d’autoformation et d’information préliminaires à la création du blog peuvent être extrêmement chronophages. Il faut également s'attendre à un temps de préparation des séances assez long car ce type de projets nécessite une organisation très précise, en particulier dans la mise en oeuvre du calendrier et dans la répartition des tâches.

Du point de vue pédagogique, il lui faudra mesurer les limites de l’encadrement nécessaire dans un blog-classe et les limites de l’autonomie des élèves, gérer et équilibrer les apports théoriques et les moments de pratique avec des adolescents et apprendre à « écrire ensemble » sur un blog.

Du point de vue technique, l'enseignant doit pouvoir choisir un hébergeur en fonction d’un projet pédagogique et des fonctionnalités souhaitées, il doit savoir utiliser l'interface d'administration et les paramètres avancés des hébergeurs : design, mise en page, nombre d’articles et périodicité de l’archivage, attribution de droits administratifs. Certaines règles sont également à connaître pour rendre un blog attractif et clair.

Enfin, du point de vue législatif, il est essentiel de connaître toute la législation relative à l’utilisation des blogs à l’école mais également les principaux éléments liés à la diffusion de photos et d’œuvres d’élèves, à la propriété intellectuelle et aux divers droits d'auteur.

 

4.2. Un outil qui modifie le rôle et les tâches des enseignants ?

Censure ou modération ?

 L'équipe pédagogique devait-elle définir des thèmes de réflexion et de débats ou laisser plutôt le libre-arbitre aux élèves selon l’actualité et les envies de chacun ? Qui devait décider du choix des rubriques ?

Nous nous sommes par ailleurs interrogés sur l'opportunité ou non d'une modération des articles et des commentaires postés afin d'éviter d'une part l'émission de contenu indésirable mais également de trop nombreux relâchements linguistiques.

Il fallait cependant veiller à ce que de moyen de communication et d’ouverture, notre blog ne devienne pas un outil d’oppression et de contrôle. Nous avons donc opté pour une solution responsabilisante : du moment que la Charte était respectée, nous n'effectuions pas de censure ni de correction a posteriori des articles. Les articles postés en dehors du lycée ne devaient donc pas être corrigés. Par contre, dans le cadre des séances, nous veillions à la correction linguistique des articles avant qu'ils ne soient mis en ligne, ce que les élèves ont compris et accepté d'autant mieux qu'ils se savaient lus par des élèves pour qui le français était une langue étrangère.
 
Les élèves devaient par ailleurs prêter une attention particulière au respect de la Charte d'utilisation. Pour faciliter le contrôle des dérives et répartir les tâches, nous avons institué un système de « cyberbrigade » assumé par deux élèves chargés durant deux semaines de vérifier qu'aucune note ou qu'aucun commentaire n'allait à l'encontre de la Charte.
 
Nous l'avons vu précédemment, dans le cadre des séances au lycée, nous avons veillé à la correction linguistique des articles avant qu'ils ne soient mis en ligne. Cependant, on regrettera que les élèves n’aient pas fourni davantage d'efforts pour corriger leurs textes, ni pour veiller au niveau de langue utilisé, parfois incompréhensible pour un étranger.

 
Quelques rares messages ont tout de même été envoyés par des élèves depuis leur domicile. Dans ce cas, nous n'exercions pas de contrôle a priori de la correction linguistique du message. On y  trouvait donc un certain nombre d'erreurs mais par contre, nous n'avons pas eu de souci relatif à une expression aussi relâchée que celle que l'on trouve habituellement dans les Skyblogs : pas d'écriture en phonétique ni d'abréviations. À aucun moment, ni en classe ni à l'extérieur, les élèves n'ont essayé de pervertir le blog en y publiant d'autres contenus que ceux demandés dans le cadre du PPCP.

La participation des partenaires a en revanche été en tous points positive : le blog a été très régulièrement alimenté par l'une ou l'autre des classes.

Nous avons également reçu quelques interventions de personnes « extérieures » au projet : certaines personnes qui ont écrit dans le but de rentrer en contact avec des personnes d'un pays partenaire ou  souhaitent en savoir plus sur notre établissement.

Relation pédagogique

Étant donné le caractère dynamique du blog et le potentiel qu’il offre pour la communication, il serait bien dommage d’utiliser cet outil dans le cadre d'une pratique pédagogique traditionnelle dans laquelle l’enseignant reste la seule source d’information qui détient, dirige et contrôle l'ensemble des savoirs.

L'utilisation d'un blog dans le cadre scolaire est optimisée dans un contexte de pédagogie de projet : quel rôle l’enseignant y tient-il ?

Avec Internet, il n’est plus le seul détenteur du savoir : il doit gérer une croissante hétérogénéité de contenus et de besoins pédagogiques. Il faut qu’il remette sa pratique en question. Son rôle se transforme en celui de tuteur et médiateur.

Le blog étant un outil qui invite au dialogue, le professeur qui initie un projet avec ce média doit également vouloir travailler en collaboration avec les élèves, en équipes et établir un climat propice, une atmosphère de respect, de partage et d'expérimentation pour créer des situations d'apprentissage variées permettant aux participants de développer leurs aptitudes à faire des choix.

 En conclusion, chacun des professeurs impliqués dans un tel projet devrait posséder les compétences suivantes :

§  une certaine souplesse pédagogique et un intérêt pour la remise en question de ses pratiques ;

§  la volonté de travailler en équipe ;

§  une ouverture à la critique, à l'émission d'idées différentes des siennes ;

§  un minimum de culture technologique, c'est-à-dire non pas des compétences techniques très poussées ; mais plutôt une intuition des outils et fonctions nécessaires pour un projet et des objectifs donnés.
 

L'implication des professeurs documentalistes

Par ailleurs, l'utilisation d'un tel outil modifie-t-elle la mise en oeuvre d'un partenariat professeurs de discipline et professeurs-documentalistes ?

Nous avons vu précédemment qu'un long travail d’éducation est nécessaire vis à vis des blogs avant que le projet ne commence réellement. Ce travail en amont a tout intérêt à être mené en collaboration avec le professeur-documentaliste, en s'appuyant sur des cadres comme le B2i ou l'élaboration de la charte d’utilisation des ressources informatiques et des services de l’Internet. A ce propos, notons une initiative très intéressante en provenance du Québec, à l'école secondaire de Rochebelle, où les élèves disposent chacun d’un blog envisagé comme un carnet de bord, un portfolio à condition que celui-ci rédige son propre code de déontologie à partir d’un modèle divisé en trois grandes parties qui sont l’intégrité intellectuelle, le respect et les responsabilités. Ce genre d'initiative est tout à fait reproductible dans le cadre de la réalisation d'un blog-classe, d'un blog de projet individuel ou de groupe ou dans la mise en place d'un blog d'établissement pour lequel le professeur-documentaliste pourrait utilement être associé à l'élaboration d'un canevas de charte ou de code de déontologie.

De plus, au cours des diverses séances de recherche, le professeur fait connaître à ses élèves les différentes sources d’information. Il les guide dans le repérage, la sélection et l’analyse de l’information. Il les conseille, valide leur production pour une éventuelle publication, etc. Ne reconnaît-on pas là les compétences du professeur-documentaliste, familiarisé au rôle d'accompagnateur et de médiateur ?

 
Travail d'équipe

Il faut aussi se donner du temps pour partager, collaborer et expérimenter ce qui n’est pas toujours facile dans le système éducatif tel qu’il existe actuellement avec ses horaires et ses contenus fragmentés.

L'expérimentation relevée ici a souffert d'un manque de concertation entre professeurs. Dans ce type de projet sur l'année, il aurait été judicieux d'intégrer davantage le reste de l'équipe pédagogique en charge des classes concernées. Ceux-ci auraient pu dans le cadre de leurs programmes respectifs reprendre l'un ou l'autre des aspects traités dans le blog. Le professeur de lettres aurait pu par exemple travailler sur la rédaction de certains articles en dehors du seul créneau horaire réservé au blog ou travailler sur certains prérequis. Dans l'exemple d'Eurosphère, tout un travail sur les clichés et stéréotypes aurait pu être mené avec des professeurs de lettres ou d'histoire-géographie.

 

Perspectives d'Eurosphère et conclusion

Alimentation : projets classe – contributions ponctuelles / journal scolaire

Supports d'échanges avec les mêmes / nouveaux partenaires
 
Si la création d'un blog s'avère relativement simple d'un point de vue technique, l'alimentation d'un blog à plusieurs nécessite par contre une gestion et préparation extrêmement rigoureuse des séances avec répartition des rôles, variété des tâches proposées et clarté des objectifs comme du planning. Elle nécessite également une grande rigueur dans la concertation et une optimisation des compétences de chacun des membres de l'équipe pédagogique.

 

Eurosphère - Le blog des échanges lycéens




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