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"Des années durant, il avait été à la fois le maître et le père de Vendredi. En quelques jours, il était devenu son frère — et il n'était pas sûr que ce fût son frère aîné. Son corps s'était lui aussi transformé. Il avait toujours craint les brûlures du soleil, comme l'un des pires dangers qui menacent un Anglais – roux de surcroît – en zone tropicale, et il se couvrait soigneusement toutes les parties du corps avant de s'exposer à ses rayons, sans oublier, par précaution supplémentaire, son grand parasol de peaux de chèvres. Ses séjours au fond de la grotte, puis son intimité avec la terre avaient achevé de donner à sa chair la blancheur laiteuse et fragile des raves et des tubercules. Encouragé par Vendredi, il s'exposait nu désormais au soleil. D'abord apeuré, recroquevillé et laid, il s'était épanoui peu à peu. Sa peau avait pris un teint cuivré. Une fierté nouvelle gonflait sa poitrine et ses muscles. De son corps rayonnait une chaleur à laquelle il lui semblait que son âme puisait une assurance qu'elle n'avait jamais connue. Il découvrait ainsi qu'un corps accepté, voulu, vaguement désiré aussi – par une manière de narcissisme naissant – peut être non seulement un meilleur instrument d'insertion dans la trame des choses extérieures, mais aussi un compagnon fidèle et fort."
M. Tournier, Vendredi ou les limbes du Pacifique
Ecoutez: La Solitude 1/4: Seul sur le sable avec Robinson Crusoé
A l'occasion d'une semaine consacrée à la solitude, Adèle Van Reeth reçoit Jean-Pierre Zarader à propos de la solitude de Robinson dans l'oeuvre de Michel Tournier.
Extraits:
- Michel Tournier lisant Vendredi ou la Vie sauvage
Source: France Culture: Les Nouveaux chemins de la connaissance, par Adèle Van Reeth, Philippe Petit
http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-con...
Michel Tournier et le mythe de Robinson Crusoé
VIDEO Radio Canada (1967)
http://archives.radio-canada.ca/arts_culture/litterature/clips/15567/
L'année 1967 marque la venue d'un nouvel écrivain dans le paysage littéraire français, Michel Tournier. Son premier roman remporte alors le Grand Prix du roman de l'Académie française. Vendredi ou les Limbes du Pacifique, inspiré du personnage de Robinson Crusoé, augure d'une œuvre qui laissera une large place aux mythes et à la philosophie. Alors que la saison des prix littéraires bat son plein dans la Ville Lumière, Martine de Barsy le rencontre après la remise de son prix.
Littérature Francophone Audiovisuelle: MICHEL TOURNIER
LITTÉRATURE FRANÇAISE AUDIO VIDÉO
La France, c'est la langue
Le regard de Michel Tournier, de l'Académie des Goncourt, sur l'esprit français.
Ma mère s'appelait Fournier. Son père tenait la pharmacie d'un village bourguignon de 800 habitants, Bligny-sur-Ouche, près de Beaune. Mes parents se sont connus à la Sorbonne, comme étudiants en allemand, et j'ai été élevé dans la langue de Goethe. C'était notre façon de renforcer notre "francité", en nous imposant un petit recul par rapport au français qui soulignait son irremplaçable originalité. On ne saurait trop conseiller aux parents de donner une seconde patrie à leurs enfants - qui peut être l'Italie, l'Espagne ou l'Angleterre - où ils renforceront leur personnalité française.
Qu'est-ce que la France pour moi ? C'est d'abord une géographie incroyablement variée. Quel autre pays offre à l'intérieur d'un périmètre aussi réduit des régions aussi différentes que la Bretagne et l'Auvergne, les Alpes et le Midi ?
Mais la France, c'est surtout pour moi la langue française, cet héritage incomparable que nous offrent Rabelais, Montaigne, Balzac, Victor Hugo et Paul Valéry. Et, bien entendu, l'incitation qu'ils transmettent de faire "oeuvre française" à leur exemple.
Source: Le Point (2011)
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Source: Actes du Colloque Cerisy-la-Salle (1990) http://www.ccic-cerisy.asso.fr/tournierTM91.html
Michel Tournier. Œuvres & Critiques, Heft XXIII, 2 (1998).
C. Klettke (Hrsg.). Beteiligung der international renommiertesten Tournier-Spezialisten.
[Préface“ von C. Klettke mit Bilanz von 30 Jahren Tournier-Forschung.]
ETUDES, LIVRES ET THÈSES sur l'oeuvre de Michel Tournier
Télécharger l'inventaire du Fonds Michel Tournier
Source : Fonds Michel Tournier - Université d'Angers
Colloque Cerisy-la-Salle (1990) Images et signes de Michel Tournier
Actes sous la direction de: A.Bouloumié et M. de Gandillac
Editions Gallimard Cote BU Angers : 84 750 TOU 023130. R 130 220
Coord. Cornelia Klettke (1998) OEUVRES & CRITIQUES: Michel Tournier
GNV - Gunter Narr Verlag Tübingen. 160 pages
Coord. L. Korthals Altes (1994), Michel Tournier, Revue des Sciences Humaines, nº 232
Presses Universitaires de Lille. 188 pages
Michel Tournier. Edition : DME, 1987 (Collection : Kölner Schriften zur Romanischen Kultur).
Cote BU Angers : 84 750 TOU 0624 05 . R 130 198
Michel Tournier. Ed. Michael Worton. Edition : London, Longman, 1995 (Collection : Modern literatures in perspective) Cote BU Angers : 84 750 TOU 0642 61. 84 750 TOU 0642 62. R 130 227
Michel Tournier. Edition : Sud, 1986 Numéro 61 de la revue "Sud", 1986
Cote BU Angers : 8 064386
Michel Tournier and the glory of the holy spirit (colloquium)
Edition : Colloquium on glory and ethics of joy, 1992 Indisponible en 1999.
Michel Tournier et la réécriture : à la recherche du texte "parfait" destiné aux lecteurs de tout âge (congrès) Edition : Conseil international des études francophones, 1994
Michel Tournier et la Vallée de l'Ouche... / Atelier d'écriture du collège Boris Vian de Talant. Photographies d'Hervé Philippe. Edition : Talant : Collège Boris Vian, 1996.
Evocation de l'enfance de M. Tournier, suivie de textes d'élèves inspirés par son oeuvre.
Cote BU Angers : R 130 342.
Bouloumié, Arlette. Michel Tournier. Edition : Paris, José Corti, 1988.
Cote BU Angers : 84 750 TOU BOU 023004 . 84 750 TOU BOU 023005 . 84 750 TOU BOU 024613
Davis, Colin. Michel Tournier. Edition : Oxford, Clarendon Press, 1988 (Collection : Oxford modern languages and literature monographs).
Cote BU Angers : 84 750 TOU DAV 026347. 84 750 TOU DAV 064270. R 130 230
Degn, Inge. L'Encre du savant et le sang des martyrs. Edition : Odense university press, 1995
Cote BU Angers : 84 750 TOU DEG . R 130 218
Fauskevag, Svein Eirik. Allégorie et tradition. Edition : Solum Didier Erudition , 1993
Cote BU Angers : 84 750 TOU-FAU . 84 750 TOU FAU . R 130 101
Gascoigne, David. Michel Tournier. Edition : Berg, 1996 (Collection : New directions in european writing). Cote BU Angers : 84 750 TOU GAS 064269. 84 750 TOU GAS 064268. R 130 229
Guichard, Nicole. Michel Tournier. Edition : Didier Erudition ANRT Lille 3, 1989
Cote BU Angers : 84 750 TOU GUI 052975 . 84 750 TOU GUI 062931 . 84 750 TOU GUI 059627
Guichard, Jean Paul (2006) L'âme déployée: images et imaginaire du corps dans l'œuvre de Michel Tournier , Publications de l'Université de Saint-Etienne, Google Book
Koopman-Thurlings, Mariska. Vers un autre fantastique : étude de l'affabulation dans l'oeuvre de Michel Tournier. Edition : Amsterdam, Rodopi, 1995 (Collection : Faux titre).
Cote BU Angers : R 130 171. 84 750 TOU KOO.
Korthals Altes, Liesbeth. Le Salut par la fiction ? Edition : Amsterdam, Rodopi , 1992 (Collection : Faux titre) Cote BU Angers : 84 750 TOU KOR 055256 . 84 750 TOU KOR 062230 . R 130 172
Koster , Serge. Michel Tournier. Edition : H. Veyrier, 1985 (Collection :Les Plumes du temps).
Cote BU Angers : R 130 170
Koster , Serge. Michel Tournier. Edition : Paris, Julliard, 1995 (Collection : Ecrivain/Ecrivain).
Cote BU Angers : 84 750 TOU KOS 061488 . 84 750 TOU KOS 049720 . R 130 157
Krell, Jonathan F. Tournier élémentaire. Edition : Purdue university press, 1994 (Collection : Purdue studies in romance literatures) Cote : 84 750 TOU KRE 055261. 84 750 TOU KRE 064272. R 130 225
Lehtovuori, Eeva. Les Voies de Narcisse ou Le Problème du miroir chez Michel Tournier.
(Collection : Annales Academiae Scientiarum Fennicae) Références : Thèse : Lettres : Helsinki, Suomalainen Tiedeakatemia,1995. Cote BU Angers : 84 750 TOU LEH 064264. 84 750 TOU LEH 064263. R 130 103.
Magnan, Jean-Marie. Michel Tournier ou La Rédemption paradoxale. Edition : Marval, 1996
Cote BU Angers : 84 750 TOU MAG 062687 . 84 750 TOU MAG 062686 . R 130 202
Merllié , Françoise. Michel Tournier. Edition : P. Belfond, 1988 (Collection : Les Dossiers Belfond).
Cote BU Angers : 84 750 TOU MER 039644. 84 750 TOU MER 048957
Milne, Lorna. L'Evangile selon Michel : la trinité initiatique dans l'oeuvre de Tournier. Edition : Editions Rodopi, 1994 (Collection : Faux titre)
Cote BU Angers : 84 750 TOU-MIL 051150 . 84 750 TOU MIL 062233 . R 130 173
Mrozowicki, Michal. Michel Tournier et l'art de la concision. Edition : Wydawnictwo Universytetu Slaskiego, 1995 Cote BU Angers : R 130 207 . R 130 207 . R 130 219
Petit, Susan. Michel Tournier's metaphysical fictions. Edition : John Benjamins publishing company, 1991 (Collection : Purdue university monographs in romance languages)
Cote BU Angers : 84 750 TOU PET 055257 . 84 750 TOU PET 064260 . R 130 226
Rosello , Mireille. L'In-différence chez Michel Tournier. Edition : Paris, J. Corti, 1990
Cote BU Angers : 84 750 TOU ROS 027456. 84 750 TOU ROS 061468. R 130 151
Röttgers, Ruth. Der Raum in den Romanen Michel Tourniers oder Reise and den Rand des Möglichen Edition : Janus, 1993 (Collection : Kölner Schriften zur Romanischen Kultur
Cote BU Angers : 84 750 TOU ROT 062404 . R 130 197
Salkin Sbiroli, Lynn. Michel Tournier Edition : Genève, Slatkine, 1987 (Collection : Textes et études, Domaine français) Cote BU Angers : 84 750 TOU SAL 031727. 84 750 TOU SAL 048958. R 130 160
Tomé, Mario (1986) Hermeneutica simbólica en la obra de Michel Tournier
Servicio de Publicaciones, Universidad de León, Leon, 269 pages.
Vray, Jean-Bernard. Michel Tournier et l'écriture seconde. Edition : Lyon, Presses Universitairesw, 1997 Cote BU Angers : 84 750 TOU VRA 069249 . 84 750 TOU VRA 069250 . R 130 249
Coord. J-B. Vray (1998) Relire Tournier; actes du Colloque international Michel Tournier - Saint-Etienne
[Livre] De grands romanciers écrivent pour les enfants
Collection Espace littéraire La collection Espace littéraire couvre l'ensemble des études litté-
raires francophones et comporte deux volets distincts : le volet Études, qui est consacré
[Article] LE THÈME DE L'ENFANT DANS L'OEUVRE DE MICHEL TOURNIER
Children. Myth, Intertext, Initiation.New York : Peter Lang, 1998. Armbruster, Karla et Kathleen
[Article] Le salut par la fiction?: sens, valeurs et narrativité dans Le roi des aulnes de Michel Tournier
[Article] Vers un autre fantastique: étude de l'affabulation dans l'oeuvre de Michel Tournier
[Article] Soler Perez, A., L'univers romanesque de Michel Tournier
http://dialnet.unirioja.es/servlet/dcfichero_articulo?codigo=254207...
[Article] Mónica Morillo Vicente, 7 contes de M. Tournier
http://www.csi-csif.es/andalucia/modules/mod_revistaense/archivos/N...
http://didier-jacob.blogs.nouvelobs.com/archive/2010/05/06/une-visi...
Dans quelles circonstances vous êtes-vous installé dans ce presbytère?
C'était en 54. J'habitais sur la Seine, en face de Notre-Dame, dans l'île Saint-Louis. Dans l'immeuble, j'avais des amis qui, dès le mois d'avril, m'emmenaient camper ici. Nous n'avions pas de voiture; on venait par la ligne de Sceaux, qui n'était pas encore le RER, jusqu'à Saint-Rémy-les-Chevreuses. Un jour, j'aperçois au café du village un copain avec qui je travaillais à la radio, Claude Dufresne. Il venait d'acheter le presbytère. Il m'emmène donc dans cette maison, qui était très frustre. Le curé avait toujours habité là. Quelques mois plus tard, je croise Dufresne à la radio et je lui demande: «Alors, Choisel?» Il me répond: «C'est une imbécillité que j'ai commise. Je n'y mets jamais les pieds.» Je lui ai donc racheté le presbytère. Plus tard, j'ai dit à Claude qu'il avait joué un rôle immense dans ma vie. Car j'ai écrit toutes mes livres dans cette maison, assis à cette table.
C'est devenu votre refuge...
A l'époque, j'allais tous les jours à Paris, car je travaillais aux Editions Plon. Quand je leur ai dit que j'allais publier mon premier roman, «Vendredi ou les limbes du Pacifique», chez Gallimard, ils étaient soulagés. Ils avaient peur que j'essaie de leur imposer mon manuscrit. Là-dessus, le livre obtient le Grand Prix du roman de l'Académie française. Chez Plon, ils ont commencé à tiquer. J'en publie un deuxième, «Le Roi des aulnes». Prix Goncourt à l'unanimité. Cette fois, ils m'ont carrément fait la gueule. Et ils m'ont viré. Avec le Goncourt, j'étais de toute façon libéré des soucis matériels. Un prix Goncourt, c'est à peu près 400 000 exemplaires, soit 1 million d'euros de droits d'auteurs. Ca permet de voir venir.
Quand vous êtes arrivé à Choisel, Ingrid Bergman était la star du village...
Elle avait une maison ici. Elle m'a invité un jour à déjeuner, mais il y avait dix personnes autour de la table, tous des Américains d'Hollywood qui ne parlaient qu'anglais. J'étais déçu. Elle avait une piscine. C'était la grande dame du village. Ici, ils l'appelaient: «Madame Ungrid»...
Aujourd'hui, c'est vous qui êtes l'attraction, avec tous ces livres que vous recevez pour le Goncourt...
J'en reçois à peu près 500 par an. Evidemment, c'est très lourd. Mais je sais repérer un texte intéressant. Il y a le titre, la quatrième page de couverture. Pendant dix ans, c'était ma fonction chez Plon d'en écrire. J'éprouve toujours du plaisir à recevoir des livres, aussi nombreux soient-ils. Je les palpe, je les flaire, je ne peux pas les lire tous, bien entendu. Mais, puisqu'ils ont la courtoisie de me rendre visite, j'en prends connaissance.
Vous êtes un écrivain comblé, célébré dans le monde entier. Vous avez reçu de nombreux prix. Y a-t-il une médaille, une récompense que vous aimeriez avoir? Le Nobel peut-être?
Je vais vous raconter une petite histoire. Dans les années 80, j'ai été invité à Stockholm par l'Académie suédoise, avec Claude Simon que je n'avais jamais rencontré. Pendant une semaine, nous avons été interrogés, pesés, flairés, palpés, examinés. On en avait marre! Nous sommes rentrés à Paris et quelques jours plus tard, j'ai appris que Simon venait de recevoir le prix. J'en étais très heureux pour lui. Simon est écrivain remarquable, qui n'avait jamais reçu de prix chez nous. Il était maltraité en France.
Quel est votre contemporain capital?
J'ai souvent dit que, pour moi, le plus grand écrivain français de notre temps était Julien Gracq. Il avait fait un pamphlet contre les prix littéraires, «La Littérature à l'estomac». Pour se venger, l'Académie Goncourt lui a décerné son prix. Il l'a refusé, mais ça ne voulait rien dire. Il n'a pas refusé les droits d'auteurs...
Et parmi les classiques, quel est votre écrivain favori?
Pour moi, le sommet de la littérature française, c'est Flaubert. Les «Trois contes». Ca, c'est le super-sommet. Parce que c'est à la fois d'un réalisme total et d'une magie irrésistible. C'est l'idéal.
Vous êtes plus Flaubert que Proust...
Je ne suis pas du tout Proust. Je suis pour la phrase courte et sèche. Proust, c'est liquide, c'est de la pâte. De plus, je n'ai jamais été très porté sur les écrits intimes. Moi, je suis un écrivain de ce que j'appelle l'extime, c'est-à-dire quelqu'un qui se fiche de ses états d'âme, et qui regarde avant tout le monde extérieur.
Comme Gracq, vous n'avez jamais fait partie d'une école. Ni Hussards, ni Nouveau Roman...
Ni l'un ni l'autre, c'est vrai. Et Nimier ne m'a certes pas donné envie d'être de ses Hussards. Figurez-vous que j'étais assis à côté de lui, au lycée Pasteur. C'était un monstre de précocité. Moi, j'ai publié mon premier livre à 42 ans. Je suis donc le contraire d'un précoce. Nous avions dix-sept ans en classe de philo. Lui en avait quinze. Il me considérait à juste titre comme un débile mental. Il avait déjà tout lu, tout jugé, tout dominé. Il a publié son premier roman à 18 ans, et il est mort à 36. Je préfère ma formule...
Vous songez parfois à l'après-Tournier?
En ce qui concerne mes manuscrits, j'ai tout donné à la bibliothèque universitaire d'Angers. Quant à cette maison, je m'en fiche. Il y a un enfant du village qui était perdu, et que j'ai plus ou moins adopté. Je dis plus ou moins car il y avait tant de paperasses insolubles que je n'ai jamais pu le faire officiellement. J'ai continué à l'élever et c'est devenu un type épatant. Je ne pouvais pas mieux tomber. Ca a été la chance de ma vie. Il est marié, il a des enfants. Je ne sais pas ce qu'il fera de la maison.
Vous écrivez encore aujourd'hui?
La première chose, c'est le titre. Ca commence toujours par un titre. Je vais vous montrer (Michel Tournier prend un dossier sur sa table de travail, où sont inscrits plusieurs titres possibles). Voyez, j'en ai plusieurs : Incidentes, Mirabilia, Etincelles de vie, Jours qui vivent, Ames qui vivent, Les amours furtives, Jour et nuit. Je penche pour Mirabilia. J'écris des petits textes. Songez, j'ai 85 ans. Ca suffit comme ça. Mon œuvre est derrière. J'ai quand même écrit «Vendredi», «Le Roi des Aulnes», «Les Météores», «Gaspard, Melchior et Balthazar». Et les nouvelles, les contes. C'est pas mal, non?
(«Voyages et paysages», par Michel Tournier, textes choisis par Arlette Bouloumié, La Quinzaine littéraire/Louis Vuitton, 326 p., 26 euros).
GOOGLE BOOKS
Jean-Bernard Vray - 2000 - 246 páginas - Vista previa
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Susan Petit - 1991 - 224 páginas - Vista previa
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Marie Miguet-Ollagnier - 1997 - 263 páginas - Vista previa
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Lorna Milne - 1994 - 264 páginas - Vista previa
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Michel Tournier: "La vie intérieure ne m'intéresse pas"
L'Express - Par Marianne Payot, publié le 19/05/2010
Extraits:
Le voyage est donc primordial pour connaître la beauté du monde ?
Oui, et un conseil : si vous avez un enfant, donnez-lui une seconde patrie, envoyez-le le plus souvent possible au même endroit. Il doit avoir un pied en Angleterre, au Portugal, aux Etats-Unis ou en Italie, qu'il y creuse son trou, qu'il y ait des amitiés, en tout cas des souvenirs d'enfance. Moi, j'ai eu de la chance, malgré leurs origines franchouillardes - mon père s'appelait Tournier et ma mère Fournier - mes parents m'ont élevé dans la germanistique, ce qui m'a immensément enrichi. Historiquement, c'était catastrophique, car il y a eu le nazisme, la guerre, la défaite, l'Occupation, bref, l'horreur. D'ailleurs, mon père, qui avait été mobilisé en 1914 - sa "gueule cassée" en témoignait - et qui parlait la langue de Goethe à la perfection, n'a plus prononcé un seul mot d'allemand à partir de l'ascension de Hitler. Mais nous, avec mes frères et soeur, nous allions passer nos vacances à Fribourg-en-Brisgau, dans un foyer d'étudiants catholiques. Puis, au lendemain de la guerre, je suis parti suivre des études de philosophie à Tübingen, où j'ai fait venir mon ami Claude Lanzmann d'ailleurs, grâce à un ordre de mission militaire, seule façon d'y demeurer. J'y suis resté quatre ans. Cela m'a coûté l'agrégation de philosophie.
Et le Nobel : en avez-vous rêvé ?
J'ai failli l'avoir. Il y a une quarantaine d'années, j'ai été invité à Stockholm avec Claude Simon. Durant une semaine, on a été palpés, flairés, pesés, interrogés par l'Académie des lettres, puis on est rentrés chez nous. Quelques jours plus tard, j'ai appris que Claude Simon - je n'étais pas fou de son oeuvre, d'ailleurs - recevait le prix Nobel [rires]. Je m'en suis vite remis, j'ai eu assez de reconnaissances comme cela, et être Nobel doit être une sale corvée.
Pensez-vous être publié dans la Pléiade de votre vivant ?
Pourquoi pas ? On m'en a parlé, mais c'est un peu à mes yeux un enterrement de première classe. Et puis je n'apprécie guère l'objet, peu lisible, trop lourd. Je préfère le poche, l'anti-Pléiade par excellence, qu'on emmène en voyage, qu'on oublie dans le train. A mes yeux, mes livres ne sont véritablement publiés que lorsqu'ils paraissent en poche. Si vous regardez les chiffres, il n'y a aucune comparaison. Un livre m'intéresse au-delà de 100 000 exemplaires, en dessous, c'est zéro [rires].
Pourquoi ne prenez-vous plus part au vote du prix Goncourt ?
Il y a un âge pour tout. J'ai 85 ans, je vais difficilement à Paris et je n'ai plus faim. Drouant, c'est un merveilleux restaurant, on y va presque pour cela, pour se restaurer entre copains. Je ne pense pas aller à la prochaine réunion, fin mai. Dans ce cas, alors, je donnerai ma démission et suggérerai qu'on me remplace par Jack Lang.
"La psychanalyse est la chienlit de la philosophie", avez-vous écrit un jour. Le dernier essai au vitriol de Michel Onfray sur Freud vous réjouit-il ?
C'est son droit, mais je n'en vois pas la nécessité. Pour moi, Freud est un médecin, et la psychanalyse, une thérapeutique. Vous vous faites psychanalyser car vous souffrez, mais je trouve absurde de faire de ce traitement un moyen de connaissance, et de la psychanalyse une fin en soi.
L'introspection n'est pas votre genre ?
Je ne suis pas homme à se pencher sur son assiette et sur son pot de chambre. C'est pour cela que mon journal s'appelle Journal extime : la vie intérieure ne m'intéresse pas, écrire mon journal intime me paraîtrait grotesque et répugnant.
De nombreux romans contemporains doivent vous déplaire ?
Ce sont deux choses différentes. Il y a mon goût personnel et il y a mon jugement. Quand je lis, je recherche une chose impossible à définir, qui est la valeur littéraire.
La vieillesse vous pèse-t-elle ?
Oui, c'est la voie de garage. Je ne me suiciderai pas, mais je trouve que j'ai déjà beaucoup trop vécu. Je souffre de la vieillesse : je n'entreprends plus rien, je ne voyage plus. Je m'ennuie.
Etes-vous satisfait de votre vie ?
J'ai dressé récemment une petite liste de critères importants, auxquels on peut donner des notes, pour juger sa propre vie : le physique, la famille, l'époque, les amis, les amours et le métier. Vous faites la moyenne et vous voyez si vous estimez avoir été heureux ou pas. Pour moi, il n'y a qu'une chose terrible, c'est l'époque : avoir 9 ans quand les nazis prennent le pouvoir. Pour le reste, physiquement, je me porte bien et je ne suis pas hideux ; les amis, j'ai tout ce qu'il faut ; les amours, là c'est plutôt le désert ; et le métier, j'ai été comblé. Le bilan est très positif.
GOOGLE BOOKS
David Bevan - 1986 - 72 páginas - Vista previa
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David Gascoigne - 1996 - 234 páginas - Vista previa
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Michel Tournier, Jonathan F. Krell - 1998 - 137 páginas - Vista previa
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Michel Tournier, Anne Carter - 1997 - 452 páginas - Vista previa
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David Platten - 1999 - 250 páginas - Vista previa
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W. D. Redfern - 1996 - 138 páginas - Vista previa
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L’ÉCRITURE DE MICHEL TOURNIER Sources d’inspiration. Michel Tournier et les mythes.
in Avec nous Michel Tournier - Cahiers de l'EA, 46, 1983
http://www.ecole-alsacienne.org/spip/Avec-nous-Michel-Tournier.html
Extraits:
Roman et philosophie
Travaillez-vous beaucoup votre écriture ?
Je ne travaille pas tellement, c’est-à-dire que je n’ai pas des angoisses épouvantables quand j’écris. Je cherche beaucoup à coups de dictionnaires, mais c’est assez heureux pour moi comme travail. Cela dit, je n’ai jamais pu faire de poésies et jamais de chansons non plus. On m’a souvent demandé d’en écrire. Une chanson c’est de la poésie. Alors pourquoi ? Je crois savoir pourquoi : je viens de la philosophie et tout ce que je fais est déterminé par des concepts. Chez moi, l’abstrait commande, même le jeu, et les mots suivent. Alors que dans la poésie, c’est le contraire : les mots commandent et le sens suit. Et donc, si vous voulez, la démarche est absolument inverse.
Souvent quand on vous lit, on a le sentiment que vous avez commencé par bien bâtir la structure de votre livre.
Oui, absolument, et souvent même, j’écris la fin bien avant le début. Je ne dis pas que je commence par la fin, ce serait exagéré mais j’écris les dernières pages bien avant d’être arrivé aux dernières pages. Cela me permet de savoir où je vais, cela me permet aussi d’éviter ce qui se produit souvent, même chez les grands auteurs, que de ne pas savoir comment terminer ! Par exemple, si vous lisez Le grand Meaulnes, qui est un admirable chef-d’ceuvre, vraiment admirable, eh bien le début est un immense sommet et puis, plus vous avancez, plus cela descend et le résultat, c’est que quelques mois après avoir achevé la lecture, vous ne savez plus comme cela se termine, vous évacuez le mauvais souvenir des derniers chapitres. On ne se souvient que de la fête. Eh bien, pour éviter cela, il n’y a rien de tel que de commencer par la fin !
Un idéal de limpidité et de concision
L’engagement de l’écrivain
Quels sont vos rapports avec vos personnages ?
Eh bien, je ne suis aucun personnage. Si vous voulez, pour prendre un grand exemple, j’ai des rapports avec mes personnages comme Molière avec les siens. C’est-à-dire que Molière n’est aucun de ses personnages. On a dit que Molière était Alceste ; ce n’est pas vrai, il est tout aussi bien Philinte et Célimène. Il doit être tous ses personnages. Je suis dans la peau de tous mes personnages les uns après les autres, y compris les animaux et je n’ai aucun personnage qui soit mon porte-parole.
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